I have many faces but you'll never see them all • Lunala

Une curiosité de la nature ? Était-ce ce que j’étais devenue suite à ma transformation ? Je détestais cette perspective car j’avais la sensation d’en être réduite à un simple objet. Un sujet d’étude dont on analyserait les comportements, les réactions dans de multiples situations. J’avais l’impression d’être un sujet expérimental que l’on rêverait de disséquer pour voir ce qui se cachait dans ses entrailles. Je me sentais dénuée d’une personnalité comme si mes émotions ne comptaient pas le moins du monde. Il m’avait fallu du temps pour comprendre que tout ce qui était différent de la norme suscitait fatalement de la curiosité. Que c’était justement ce qui faisait de moi un être particulier qui pouvait faire ma force. Je ne m’assumais pas du tout et cela finissait par briser la faible confiance en moi que j’avais mise des années à acquérir. Je ne supportais pas ce mal qui me rongeait et je me serais volontiers pliée à toutes les expérimentations du monde si cela avait pu me permettre de redevenir normale. Mais je m’étais résignée. Si jamais personne n’avait trouvé de remède jusqu’ici à ce mal ancestral, cela ne pouvait signifier qu’une chose : il n’en existait pas. Pourtant, avec mon arrivée à Onranmore, je m’étais mise à de nouveau espérer. Si les sorciers n’avaient jamais pu trouver de solution, peut-être que leur alliance avec les moldus serait plus fructueuse. Je voulais y croire mais je savais que cela risquerait plus de me blesser. Je ne peux m’empêcher de me souvenir de mes débuts avec cette malédiction en moi à l’époque de Poudlard. J’essayais de le cacher de toutes mes forces mais mon secret n’était pas si bien gardé que je l’espérais. Devoir faire face à la vérité avait été douloureux.

Mon esprit s’évade vers cette époque houleuse où la colère grondait. Une rencontre avait marqué ce temps ancrant en moi cette sensation que je susciterais toujours un intérêt malsain. Une pleine de lune de plus où la douleur m’avait laissée vide de toute énergie. Je me trainais dans les couloirs de l’école comme une loque à peine humaine. Mais humaine l’étais-je seulement encore ? Il y avait l’appétit de la bête qui hurlait chaque soit où l’astre lunaire se remplissait pour se libérer de toutes entraves et assouvir ses appétits démesurés sans aucune conscience. Je fuyais les autres car je m’écœurais moi-même et je redoutais que la noirceur qui m’habitait ne déteigne sur eux. Comme aujourd’hui, j’avais cherché un coin isolé où m’enfermer dans ma bulle pour oublier tout de ce monde hostile qui me terrorise. Assise à même le sol dans un coin désert, j’avais mis la musique dans mes oreilles pour me forcer à faire le vide. Les yeux clos et la tête rejetée en arrière, je tentais de trouver une paix qui me fuyait inexorablement. Je me sentais proche de m’assoupir quand soudain des bruits de pas me firent me redresser prestement tous les sens en alerte. Un regard empli de méfiance, d’hostilité mais aussi de lassitude se poser sur l’intruse dans ce moment d’isolement. Je suis sur mes gardes quand je sens son regard scrutateur. Les nerfs tendus, je me prépare à un affrontement même si je ne le désire pas réellement contrairement au loup qui cherche l’affrontement tout au fond de moi.

« Luna, quel charmant prénom pour une personne aussi curieuse. Que me vaut l’honneur de ta présence ? Je m’en sentirais presque flattée si… » laissant ma phrase en suspend.