What part of no don't you understand ? (Kieran&Zita)

What part of no don't you understand ?

Kieran & Zita

J’ai faim j’ai faim j’ai faim j’ai faim. Rien, absolument rien, aucun indice subtil ne laissait deviner qu’actuellement, le loup avait les crocs. Si. J’ai faim. Il lui faudrait encore attendre un petit peu. Pas trop longtemps. Parce que malheureusement, on ne quitte pas comme ça un cours d’anthropologie juste pour une petite fringale - j’ai faim ! - d’accord, pour une énorme dalle. Et puis le cours était intéressant. Pour un gros nerd, entendre parler d’archéologie pendant deux heures, c’est toujours ultra cool, même si le loup a faim. Après ça, ils pourraient aller manger, de toute manière. Dans pas trop longtemps. Quelques minutes à tout casser, le temps que l’américain range ses affaires et termine sa discussion avec sa voisine de table, une jolie blonde aux yeux de biche qui semblait attendre quelque chose de lui, même s’il ne comprenait pas trop quoi. Elle te drague, couillon. Urgh. Dragué par une fille. Bizarrement refroidi, il rangea très rapidement ses affaires pour quitter les lieux. Bonne idée. J’ai faim moi. Ouais, on a compris, le loup.

Ce fut en vitesse qu’il descendit l’étage, autant pour échapper à la demoiselle que pour remplir le ventre du loup - qui a faim, pour ceux au fond qui n’ont pas suivi. Il ne savait pas trop ce qu’il allait manger, cela dit. Viande ? Très probablement. Et tandis que le loup grondait de contentement dans son esprit, Kieran attrapa son téléphone pour savoir quand Isaak allait le rejoindre. Réponse ? Jamais. Monsieur était coincé en cours d’éloquence, et par force drama, lui indiquait qu’il avait extrêmement faim et qu’il n’était pas sorti avant au moins une bonne heure. Compatissant, le lycanthrope lui souhaita bonne chance, ponctuant son texto de petits cœurs pour lui remonter le moral. Il n’avait aucun mal à imaginer son homme concentré à un quart sur le cours, les trois autres quarts se focalisant sur le dessin qu’il devait probablement faire sur un coin de feuille pour passer le temps. Tant pis, il mangerait sans lui. Il n’en mourrait pas.

En s’approchant de la cafétéria, le jeune loup put être témoin d’un spectacle aussi commun qu’affligeant, à savoir un homme hétéro qui drague. Damn. Sourire trop lubrique, trop proche de la demoiselle, et persuadé qu’il allait serrer alors que sa pseudo-cible était à ça de lui coller son genou dans les valseuses. Tiens, il la connaissait, la fille, d’ailleurs. Elle était en anthropologie avec lui. Et dans sa confrérie aussi, s’il s’en souvenait bien. Comment elle s’appelait, déjà ? Je crois que le prof l’a appelée Zita. Ouais, c’était ça. Zita. Une Travers apparemment. Grande gueule, gros caractère. Plutôt jolie, apparemment, puisque monsieur lourd lui tournait autour. Apparemment, wow, tu sais parler aux femmes toi. Eh. Excusez-le du peu, mais il est gay lui. Les filles, il leur parle, et c’est le maximum qu’il puisse faire. Cependant, elle avait l’air assez gonflée. Elle avait dû lui dire non plusieurs fois, et il ne comprenait pas. Ah, ces hétéros.

« Mais tu vas voir, ma jolie, c’est un super programme, j’te promet ! »

Urgh, les hétéros. Mon frère ! Oui, quoi ? Allez allez allez ! Quoi quoi quoi ? Putain mais Kieran ! Oh. Oooooooh. Léger sourire prédateur tandis que l’idée du loup se fraie un chemin dans son esprit. L’animal gronde de rire en avance. C’est cruel. C’est marrant. Ok allez il le fait.

« C’est vrai que ça a l’air d’être un super programme, qu’il dit en s’incrustant dans la conversation avec son plus beau sourire de dragueur lourd. Dommage que mademoiselle n’ait pas l’air tentée, elle rate sans doute quelque chose. Moi, par contre… »

La seconde suivante, son bras passe autour de l’épaule de l’hétéro, qui bugue l’espace d’un merveilleux instant, avant de couiner et de le repousser - ou, du moins, tenter. Ne bouge pas un loup-garou de quasiment deux mètres qui en a envie, et certainement pas avec une bourrade aussi faiblarde que celle du seul chat qui appréciait sa compagnie, sans doute parce qu’il l’avait sauvé de la mort quelques années plus tôt. Le type se retrouve en train de goûter à sa propre médecine, et ça ne lui plaît pas. Il se retrouve dans la peau de la demoiselle qu’il draguait lourdement quelques instants plus tôt, et bizarrement, cela semble le stresser plus qu’autre chose. Bah pourquoi ? Il devrait être flatté qu’on s’intéresse à lui, hein, c’pas ce qu’ils disent aux nanas qu’ils draguent, les hétéros ?

« Putain mais t’es malade, me touche pas toi ! »
« Oh allez, ça va, sois pas timide mon grand, je sais qu’au fond t’en as envie, non ? Sinon tu te serais pas habillé comme ça pour sortir hein, comment tu veux que les gays résistent avec un jean pareil mec ? Grand sourire dragueur - légèrement inquiétant, cela dit. Comment vous dites, vous, les hétéros ? C’est un appel au viol ? J’me le taperai bien, cela étant… »

En face, l’autre tourna blême. Quand le chasseur devient la proie, c’est vachement moins marrant, hein connard ? Il le repoussa à nouveau, avec plus de forces - toujours pas assez pour le faire bouger cela étant - et réussit à sortir de son emprise pour s’enfuir comme un lâche en l’insultant abondamment. Le laissant se carapater, le jeune américain lâcha un bref éclat de rire méprisant avant de se tourner vers Zita, esquissant vers elle un sourire - mais cordial, loin des relents de menace qu’il dégageait quelques secondes plus tôt.

« Tous les hétéros draguent comme ça, ou celui-là a révisé ses classiques ? Mon frère. Oui, jeune loup, qu’y a-t-il. J’ai faim. On peut aller manger ? Ah, oui, c’est vrai, avec tout ça il avait failli oublier. J’allais manger, là. Tu veux venir avec moi ? Promis, sans arrière-pensées ; t’es pas vraiment mon genre, de toute manière. »

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