oops i did it again -- willa/maeve --

Quand la température ne dépassait plus les 5°C en journée, comme ces derniers jours à Oranmore, se baigner dans l’eau fraîche de la mer paraissait insensé. Sur la plage, on croisait surtout les promeneurs les plus courageux, les baigneurs étaient aux abonnés absents. C’est principalement pour cette raison que Maeve travaillait beaucoup moins en automne et en hiver en tant que maître-nageuse. Les rares missions qu’elle recevait pour surveiller les plages étaient soit pendant le week-end, soit pendant les vacances, quand les habitants étaient en repos et qu’ils se rendaient à la plage. Et même là, la plage ressemblait plus à un désert qu’autre chose en comparaison avec la haute saison. Jusqu’à avril au moins, Maeve se retrouvait au chômage technique. Après l’été, les problèmes financiers pointaient le bout de leurs nez. Pour remédier à la perte de salaire, la jeune femme gardait des enfants après l’école et jusqu’au retour de leurs parents. Ce qui n’était qu’une activité secondaire lui sauvait les fins de mois les plus difficiles et lui permettait de s’octroyer quelques loisirs et plaisirs.

Ce jour-là, il faisait froid et il pleuvait, un temps à rester sous la couette. Maeve s’était levée tard, tirée de son sommeil par le battement de la pluie sur les carreaux. Elle avait gardé les enfants Thompson la veille, le couple ayant décidé de passer une soirée en amoureux à Galway. S’occuper de ces trois-là n’était pas de tout repos. Myles, le plus jeune, ne faisait que des bêtises. Il ne fallait pas le quitter des yeux une seconde. Les médecins le soupçonnaient d’être autiste, il fallait donc faire particulièrement attention à lui et rares étaient ceux en qui il avait confiance en dehors de sa famille. Maeve, une voisine qu’il connaissait depuis sa naissance, faisait partie des rares élus et elle était heureuse de prendre soin de lui. Mais une fois la soirée passée, elle était bien contente de rentrer chez elle et de dormir jusqu’à pas d’heure. C’était un des avantages à ne pas avoir de travail le matin.

Finalement, en début d’après-midi, Maeve s’était décidée à sortir de chez elle. Il ne lui restait rien à manger dans son frigo et elle avait envie d’un bon café. Après une douche, elle s’était préparée avec soin : tenue branchée, mais pas tape-à-l’œil et joli maquillage. Elle ne quittait jamais la maison sans s’assurer qu’elle était parfaite. Ses écouteurs dans les oreilles, elle était sortie de son appartement en fermant à double tour derrière elle. Elle écoutait sa playlist de chansons de Noël avec un sourire discret aux lèvres : il n’était jamais trop tôt pour se mettre dans l’esprit des fêtes de fin d’année. Maeve avait toujours beaucoup aimé Noël et elle commençait à penser au cadeau qu’elle offrirait à son frère. Elle économisait depuis des mois pour lui faire plaisir, le seul problème, c’était qu’elle n’avait pas encore trouvé l’idée parfaite. Tout en allant au café, elle regardait les vitrines des quelques boutiques en quête d’inspiration. Elle était certaine que quoiqu’elle lui offrirait, son frère adorerait son cadeau parce qu’il était adorable, mais elle voulait être sûre de réellement lui faire plaisir.

Au moment où elle allait ouvrir la porte du café, un bruit sur la route attira son attention. Une voiture venait de freiner brusquement pour ne pas écraser un chat. Heureusement, le petit chat n’avait rien. Elle reprit donc son action et poussa la porte sans faire attention au fait qu’une personne s’apprêtait désormais à sortir, ce qui n’était pas le cas quelques secondes plus tôt. Ni elle, ni l’autre personne ne put réagir à temps pour éviter la catastrophe et la boisson de la jeune fille se renversa. « Merde ! » Fut le mot qui s’échappa de sa bouche instantanément. Maeve se précipita à l’intérieur et elle scruta la jeune fille pour voir si la boisson ne lui était pas tombée dessus. Heureusement, là encore, plus de peur que de mal, la majorité de la boisson était au sol et non sur ses vêtements. « Je suis terriblement désolée ! Vraiment ! Vous n’avez rien ? J’étais distraite et… je vais vous repayer votre boisson. Toutes mes excuses. » Il y avait bien longtemps que Maeve n’avait pas été aussi gênée. Elle sortit de son sac son porte-monnaie et fit signe à la blonde de la suivre. « Je voudrais à nouveau ce que cette cliente a commandé et de quoi nettoyer la boisson renversée, s’il vous plait. » Maeve ne comptait pas laisser les employés nettoyer ses bêtises, ils n’avaient rien demandé. C’était aussi une façon de se rattraper auprès d’eux. Elle les connaissait bien, elle venait dans ce café depuis des années maintenant et n’avait pas envie d’y avoir une mauvaise réputation. Après avoir insisté, un de employés lui donna un torchon. Elle commença à nettoyer quand un autre employé vint l’aider avec plus de matériel et très vite, il ne restait rien de cet incident. Quand Maeve observa à nouveau la jeune femme au comptoir, qui venait d’être resservie, elle réalisa qu’elle l’avait déjà vue par le passé. Une telle chevelure ne s’oubliait pas. Elle en était d’autant plus gênée.