Rafael avait été bougon toute la matinée, au point que ses colocataires, exaspérés, le chassent de l'habitation. Il s'en fichait, d'abord. Il n'avait de toute façon pas eu l'intention de rester toute la journée dans l'appartement. Cela dit, il n'avait pas non plus envisagé de sortir. Il aurait tout simplement préféré que cette journée soit annulée et qu'on passe à la suivante, comme si de rien était. Au fond de lui et une fois dépassé la mauvaise foi, il ne pouvait en vouloir aux garçons de l'avoir fortement encouragé à sortir. Si d'habitude l'ambiance était très légère dans leur groupe et que trois gamins à qui on aurait confié un appart n'auraient pas fait pire, aujourd'hui le brésilien avait gâché l'atmosphère. Dans un coin reculé de son esprit, il se promit à lui-même d'aller s'excuser plus tard. Une fois que cela lui serait passé.
La raison de ses tourments ? Le karma, ce concept étrange méritant bien le surnom de bitch qu'on lui attribut souvent. D'abord, sa mère avait disparu. La police, sorcière comme moldue, n'avaient montré que peu d'intérêt pour l'affaire, malheureusement. Il s'était donc décidé de prendre les choses en mains, au risque de se les salir. Bien plus que le gentil garçon qu'il avait été aurait pu imaginer. Cependant, malgré ses sacrifices, cela n'avait fait que le mener aux portes de la mort. Mais l'histoire ne s'arrêtait pas là. A présent qu'il tentait de retrouver les traces du droit chemin, malgré tout ce que sa vie de mauvais garçon lui avait apporté, il était pénalisé. Non pas qu'on le traitait différemment, car personne ici, du moins à sa connaissance, était au courant de son passé. Mais ce satané karma, après l'avoir fait souffrir pour le ramener à son point de départ, en avait profité pour lui faire oublier, au passage, tout un tas de choses sur ce qu'il aimait vraiment ! Ne serait-ce qu'en botanique, il se retrouvait avec le niveau d'un élève relativement bon sortant de Poudlard. Alors oui, pour vous ce n'est peut-être pas bien grave, mais à Castelobruxo, école réputée pour ses spécialisations en botanique et en magizoologie, être comparé à un élève d'une autre école dans ces matières, ça frôle l'insulte !
Midona, sa rate (l'animal bien sûr, personne ne donne de nom à ses organes) remua dans la capuche du garçon, le tira de ses pensées. Il avait pris soin de l'emporter en quittant l'appartement. Malgré sa grande affection pour Kieran et sa tolérance presque sans limite, il n'était pas toujours à l'aise à l'idée de la laisser avec cet amateur de viande crue. Les pas du japonais l'avaient machinalement mené jusqu'aux serres, de manière assez ironique. Un long moment, il hésita. Il avait envie de partir, de ne pas faire face cet endroit qui lui rappelait qu'il avait tant changé. Mais d'un autre côté, il savait aussi que le chemin de la rédemption, s'il souhaitait redevenir celui qu'il avait été, nécessiterait forcément beaucoup d'effort. Long soupire. Il reprit son avancée et entra dans les serres.
Malgré son humeur actuelle, il ne pouvait s'empêcher d'être apaisé par l'endroit. La végétation omniprésente créait une atmosphère agréable, mélangeant savamment les odeurs pour donner un parfum exotique. Maintenant qu'il était là, il ne savait pas bien quoi faire. ni par quoi commencer. Passer en revue les différentes espèces présentes ici ? Nous avons établi qu'il avait le niveau d'un plutôt bon élève sortant de Poudlard, pas d'un première année ! Non, quelque chose de plus intéressant. Fermant les yeux, il orienta son doigt vers un endroit au hasard avant de les ouvrir à nouveau. Un bulbobulb. En appelant à sa mémoire, il tenta de ressortir tout ce qu'il savait à son propos. Plante magique semblable à une grosse limace noire, elle se tortille et est couverte de pustules brillantes. Ses vésicules sont remplies de pus vert puant l'essence. Non dilué, son pus peut avoir des efforts étranges une fois en contact avec la peau (généralement des cloques douloureuses) et il est fortement conseillé de se munir de gants en peau de dragon pour manipuler la plante. Ses propriétés contre l'acné avaient été découvertes par Sicha... non, Sariss... Sirachassa ? Non, ce n'était pas ça. Mais au moins, il n'avait pas été trop mauvais.
Rafael allait reproduire son petit manège lorsqu'il remarqua, un peu plus loin, la présence de Willa. L'élève n'avait pas encore réussi à se faire une idée la concernant. D'un côté elle le mettait mal à l'aise car il avait remarqué lors d'un cours qu'elle le fixait étrangement, ce qui avait mené le jeune homme à penser qu'elle connaissait son secret. D'un autre côté, elle parlait portugais. Et japonais ! Rencontrer des gens, ici à Ardfry pouvant se targuer de l'un ou l'autre était rare, alors les deux ! Et la seule fois où ils s'étaient parlé, cela lui avait fait du bien de parler dans une de ses langues maternelles. Il fallait ajouté à cela qu'elle s'y connaissait très bien en botanique, cela étant son job... Cela suffisant à faire pencher la balance, il s'avança vers elle tout en priant qu'elle ne l'avait pas vu fermer les yeux et pointer des plantes du doigt et lança dans son meilleur japonais :
- Tu passes beaucoup de temps ici, j'ai l'impression. Ça représente beaucoup de boulot, j'imagine. Je peux t'aider à quelque chose ? Ça ne me ferait pas de mal, je crois.
Rafael Minamoto
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Sujet: Re: Le karma ça craint. Feat Willa Mar 17 Déc - 12:58
Ce matin-là, Willa s'est levée, motivée pour une fois à se bouger les fesses pour aller travailler tôt. Il y a pas mal de choses à faire, et il faut qu'elle s'y mette maintenant pour ne pas perdre de temps, sinon elle va finir par prendre beaucoup trop de retard. La jeune femme a déjà rattrapé celui qu'elle a accumulé en n'allant pas travailler pendant une semaine - elle avait prétexté être malade, mais elle se sentait juste trop mal pour faire face aux regards des autres. Bon, cela fait un moment que c'est arrivé, alors elle tente de passer outre et de ne plus trop y penser. Six heures pétantes, et la voilà debout, prête à boire son thé et à manger quelque chose. Depuis que le froid est venu s'installer - un peu plus encore - dans le coin, elle a pris l'habitude de se faire une grande tasse de thé, pour se détendre et commencer la journée du bon pied. Cela fonctionne plutôt bien, du moins pour l'instant. Elle en est ravie.
Une fois son petit déjeuner terminé, la blonde se dépêche de s'habiller, enfile un jean - chose qu'elle ne fait quasiment jamais -, un gros pull et fonce mettre ses bottes. Il faut qu'elle commence à faire attention au froid, et elle est bien décidée à ne pas le laisser la rendre malade. Ses longues robes aux manches courtes lui manquaient, mais là ce n'est juste plus possible de les porter. Prête, Willa sort de chez elle, et avant de dévaler les escaliers, vérifie bien qu'elle a fermé sa porte à clef. Elle a appris, avec le temps, à vérifier ce genre de choses : si les gens entrent dans les serres quand elle n'est pas là, c'est de sa faute, alors il est hors de question qu'elle laisse qui que ce soit entrer chez elle. Les serres aussi, elle s'assure qu'elles sont bien fermées avant de les quitter. C'est fini, les étudiants dans les serres.
Arrivée dans les serres, elle se dépêche de se mettre au travail. Elle a quelques plantes à soigner, d'autres à surveiller et il faut qu'elle change certaines plantes de place, vu le changement des saisons. La Suédoise prend malin plaisir à s'occuper d'herbes et de plantes moldues, ces derniers temps. Là, elle a un gros plant de Yucca qui commence doucement à bourgeonner. C'est sa fleur de prédilection de ces derniers jours, c'est si simple de s'en occuper. C'est une fleur qui peut se montrer utile, mélangée à d'autres ingrédients, pour certaines potions. Là, personne n'a demandé cette fleur, mais elle a eu envie d'en faire pousser, pour son propre plaisir. Willa, attentive, ne remarque pas qu'elle n'est plus seule dans les serres. Elle travaille, assise devant une table, tout au fond des serres, et on ne la voit pas forcément en entrant, sauf quand on s'avance légèrement vers le fond. Concentrée comme jamais, c'est visiblement une de ces journées qui au final, sera productive.
« Tu passes beaucoup de temps ici, j'ai l'impression. Ça représente beaucoup de boulot, j'imagine. Je peux t'aider à quelque chose ? Ça ne me ferait pas de mal, je crois. » Willa n'a pu retenir un sursaut, surprise d'entendre quelqu'un. Elle relève la tête puis se lève, afin de voir qui se trouve dans les serres. « Oh, bonjour Rafael ! Comment vas-tu ? » Le jeune homme est de ces étudiants qu'elle apprécie tout particulièrement. Elle l'a rencontré lors d'un cours de botanique, alors qu'elle assistait le professeur, comme cela arrive de temps à autres. Ils ont eu l'occasion de parler et elle est heureuse de pouvoir pratiquer le portugais et le japonais avec lui, sachant qu'elle n'a pas vraiment eu l'occasion de les parler depuis un certain temps. A choisir, elle préfère le japonais, quand même. Tout en s'approchant de Rafael, elle se dit que c'est le moment parfait pour continuer sa pratique de la dernière langue citée. « *Je passe beaucoup de temps ici, en effet. Je n'ai pas trop le choix ! C'est du boulot, mais bon, je l'ai voulu, alors je n'ai pas à me plaindre. » Et elle ne le fait pas, ou plus. Elle arrive à presque tout gérer maintenant, c'est surtout une question d'organisation. « Si tu veux, tu peux faire un tour, prendre des notes de ce que tu vois et venir me voir une fois que tu as terminé ? Il faut que je refasse les registres. En plus, je dois avoir du dictame ou un plant de Snargalouf dans le tas, ça te servira pour tes cours de botanique ! » De l'aide n'est pas de refus, et Willa apprécie vraiment qu'il se propose de lui-même. Autant faire une pierre deux coups en le faisant travailler pour ses cours. « Si jamais, évite de les toucher, on ne sait jamais sur quoi tu peux tomber. Je pense que tu le sais, mais il faut être plutôt vigilant ! »
